Comment évoquer le pire sans exhumer, dans un même mouvement, le meilleur? Dans le lit de la rivière, il y avait des cailloux et des galets, secs et blancs au soleil, et l’eau était claire, et fuyait, rapide et bleue dans les courants. J’ai revisité ces images ensoleillées jusqu’à brûler leur souvenir, et cependant: quel qu’en soit le jugement de l’Histoire, mai 2004 demeure à mes yeux le temps de l’adieu aux armes, un printemps de brocard faufilé des ors d’un amour neuf.
Le livre.
Irak, printemps 2004. Un journaliste et son guide arabe traversent la guerre, s’apprivoisent, découvrent les bonheurs d’une amitié naissante. Au plus fort du conflit, le pire n’est jamais certain: cet élan du cœur tisse de nouveaux liens, armés de références littéraires communes. Mais lorsque le guide est assassiné par la rébellion, que pèse cette amitié et toute littérature face aux enfants orphelins? L’exercice du journalisme vaut-il une mort de plus? Et si la guerre ne peut plus être couverte, que devient l’honneur de la presse? Seul désormais, hanté par l’héritage de Camus, Hemingway ou Bernanos, le journaliste prend la plume pour rendre hommage aux guides et interprètes anonymes qui permettent la survie de l’information.
Entre les lignes.
Présenté à l’origine comme un « roman », ce texte est en réalité un récit autobiographique, construit autour de mes guides successifs en Irak, en Afghanistan, en Colombie et au Liberia. Il a été écrit au moment des prises d’otages de journalistes et de leurs guides en Irak. Le personnage du guide, Muhammad Aldin, est authentique et a effectivement été abattu en mai 2004 au sud de Bagdad.
Editions Luce Wilquin, Avin, février 2006, 130 pp., disponible à la Librairie des Saules (Lasne) ou auprès de l’auteur.