L’eau savonneuse bave sur son torse bientôt lisse, vient mourir dans les premiers replis du vaste pantalon de coton, un shalwar solidement troussé sur sa taille encore jeune. Eau et sueur se mêlent en lisière du pubis, Akram capte l’onde de fraîcheur avec soulagement. 32 degrés à la nuit tombante, et une simple lampe à pétrole pour éclairer la nuit de cette chambre.
Le livre.
Ouest de l’Afghanistan, 2 juin 2004. En bordure des champs de pavot, deux hommes attendent, arme à la main. Dans quelques instants, le véhicule 4×4 de Médecins Sans Frontières arrivera à leur hauteur, et ils feront un carnage. Cinq morts, des dizaines de douilles au sol, un ciel métallique et radieux pour mieux souligner le drame. Dans cette vallée de Qadis, entre l’imam, le pharmacien, le chef de la police et les fermiers, entre le seigneur de la guerre et son cousin le gouverneur, se joue un bras de fer qui plonge ses racines dans la guerre aux talibans, mais se prolonge désormais dans les ports de Karachi, Chittagong et New York. Le commerce de l’héroïne, bien sûr. Mais s’il ne s’agissait que de cela…
Entre les lignes.
J’ai sillonné l’Afghanistan, fréquenté les talibans, chefs de guerre, collecteurs d’opium et passeurs d’héroïne, étudié la percée du crime organisé, jusqu’au jour où ma route a croisé un drame : l’assassinat, le 2 juin 2004, en province de Badghis, de cinq collaborateurs de Médecins Sans Frontières. Un crime sans mobile apparent. Pour MSF, un choc : la menace n’est plus politique ou religieuse, elle est désormais mafieuse. À l’été 2004, MSF quittait définitivement l’Afghanistan. Comme journaliste, j’enquêterai sur place, retrouverai les lieux, les témoins, suivrai l’instruction et les procès liés à ce crime. Puis, à défaut de vérité judiciaire recevable et fort de ma connaissance de terrain de l’Afghanistan, je me suis découvert une âme de romancier et j’ai imaginé ce qu’était la réalité la plus probable.
Dans ce « romanquête », tous les faits connus sont scrupuleusement respectés. Les victimes réelles tiennent leur propre rôle : la Belge Hélène De Beir, le Néerlandais Pim Kwint, le Norvégien Egyl Tynaes. Tous les fragments de l’intrigue, les cartes des trafics, les rôles secondaires sont réels. Je ne me suis octroyé que deux libertés : celle d’assembler ce kaléidoscope, puis de laisser courir une plume qui transmette toute la passion amoureuse que mérite l’Afghanistan.
Editions Luce Wilquin, mai 2007, 240 pp., disponible auprès de l’auteur.
En néerlandais: Heroïne en Heldinnen. De moord op Hélène De Beir.
Roularta Books, 2008, Roulers, 296 pp., disponible auprès de l’auteur.